Par Agnès Menso
J’ai commencé cette chronique en août dernier dans le TGV. J’ai jeté des mots en vrac sans avoir d’idée précise sur ce que j’allais écrire. Je savais en revanche que j’avais besoin de mettre sur papier ce que je ressentais.
Une fois de plus, je vous livre quelque chose de très personnel, ancré au plus profond de mon cœur, au plus profond de mon être.
Cette chronique aurait pu s’appeler « Carpe diem1 ». Je l’ai volontairement intitulée Propos sur le bonheur, mais elle ne prétend en aucun cas faire concurrence à l’ouvrage du même nom publié par le philosophe Alain en 1923.
C’est avant tout être en phase avec ce qu’on est au plus profond de soi. Ou ce qu’on n’est pas. Et l’accepter.
C’est se sentir empli par une forme de plénitude, de sérénité et de bien-être qui envahit la tête, le cœur et le corps tout entier.
C’est partager un moelleux au chocolat ou trinquer avec un verre de vin2 (ou une bière chinoise2…)
C’est être ému par la beauté de la nature, par une rose qui éclôt ou un champ de lavande dans le Luberon…
C’est marcher pieds-nus et sentir la brise dans son cou. Comme un baiser…
C’est savoir écouter les cloches d’une église qui sonnent avec tellement de force qu’elles donnent l’impression qu’elles vont se décrocher…
C’est accueillir un regard, un geste, auquel on est tellement habitué et qu’on ne voit même plus, tellement il nous paraît banal et anodin. Comme si tout était acquis.
C’est ressentir les choses au plus profond de son être, de sa chair, de ses entrailles.
C’est frissonner et accepter d’être bouleversé aux larmes, par une sensation enfouie au plus profond de soi, qu’on avait oubliée ou qu’on croyait morte.
Et si c’était ça être heureux ? Et si c’était juste se réjouir des petites perles de la vie ?
Le bonheur est en chacun de vous qui lisez cette lettre. Alors que certains sont dans une quête permanente, d’autres en revanche savent identifier ces instants de bonheur et les vivent comme un cadeau que leur offre la vie.
Nous sommes loin d’un registre de contemplation naïve ou candide, proche de la béatitude ou de la niaiserie. Nous sommes tout simplement dans le présent.
Le passé appartient au passé et le futur n’est qu’hypothétique. Autant vivre le présent et savourer chaque instant pleinement.
Être vraiment là permet une connexion corps et âme. A soi. A l’autre. Et à quelque chose de plus grand qui nous transcende. Qui ouvre la porte sur quelque chose de plus profond, de plus intense et absolu.
Ce sont les propos que me tenait un ami cher à mon cœur, il y a plus de dix ans. Avec ce discours, il avait cette capacité à m’énerver en moins de cinq minutes. Je ne me gênais alors pas pour le lui faire remarquer, avec toute la véhémence et l’insolence de mon jeune âge… Je ne me cachais ni pour soupirer ni lever les yeux au ciel.
Aujourd’hui, maturité aidant (…), j’ai compris intellectuellement et émotionnellement la finesse et la subtilité de ses propos. Je l’écoute avec attention, et j’ai l’impression qu’on s’est rejoint à un autre niveau, qui nous unit et nous dépasse.
Le bonheur existe au travers de la relation qu’on a de soi à soi, mais également au travers de la relation qu’on a avec l’autre.
C’est savoir rester à sa place, écouter et soutenir le mieux possible ceux qu’on aime et qui en ont besoin.
Mais c’est surtout savoir au plus profond de soi ce qu’on doit faire. Et ce qu’on doit taire. Par respect de l’autre, de soi. Et surtout par amour.